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Thérapeutique millénaire, le thermalisme concourt en France
à la santé d’un demi-million de personnes traitées
dans une centaine de stations thermales. Les soins utilisent
eaux minérales, boues, gaz , vapeurs thermaux et huiles essentiels.
Douze orientations thérapeutiques sont reconnues
par la sécurité sociale ; les stations sont agréées en fonction
de la nature de leurs eaux pour une ou plusieurs orientations.
La recherche vise à mieux connaître la nature et le mécanisme
d’action des produits thermaux et à établir le service médical
rendu par la cure thermale.
Le thermalisme est une thérapeutique médicale, mise en œuvre sur prescription
médicale, qui utilise les eaux minérales et leurs dérivés selon de multiples modalités
d’application. Son utilisation en Europe remonte à l’Antiquité. Elle concerne,
en France, le demi-million de curistes qui chaque année bénéficient de cure thermale,
et la centaine de milliers de personnes dont l’activité est liée au thermalisme. Une eau
est déclarée minérale lorsque, jaillissant d’une source identifiée, elle possède des caractéristiques
physico-chimiques déterminées et constantes, une pureté microbiologique
et a démontré l’existence d’un bénéfice pour la
santé. Il existe ainsi en France environ sept cents
sources d’eau minérales répertoriées et utilisées
dans l’embouteillage et/ou le fonctionnement de
la centaine de stations thermales du territoire
métropolitain et d’outre-mer. Ces sources jaillissent
dans des lieux déterminés par la géologie. Elles sont
situées pour l’essentiel dans des régions de montagnes
(Pyrénées, Alpes, Massif central, Vosges) ;
quelques-unes se trouvent près des côtes, plus rarement
dans des zones peu accidentées
Historique
Le thermalisme fait essentiellement appel à l’utilisation de l’eau minérale, de boues, de vapeurs et
de gaz thermaux. À l’utilisation de ces produits naturels s’ajoute,
le cas échéant, la pratique d’exercices, de massages notamment, pour ne citer que les principaux éléments.
Les Romains ont largement utilisé les ressources thermominérales de l’Italie et des pays qu’ils occupaient
pour alimenter leurs thermes dont l’importance sanitaire et plus encore sociale était essentielle.
En France, bien des stations ont été exploitées dès l’époque romaine ; elles portent des noms qui évoquent le mot latin
aquae – les eaux – que l’on retrouve dans Ax, Dax, Aix. Après les destructions dues aux invasions barbares,
et le long immobilisme du Moyen Âge, il fallut attendre la Renaissance pour que soit retrouvé le chemin des eaux utilisées
notamment, à l’époque, pour soigner les mauvaises plaies par armes à feu .
 Les XVIIe et XVIIIe siècles redonnent une vitalité médicale nouvelle aux eaux minérales, les stations se structurent,
s’équipent en termes d’installations thermales, de voirie. Parallèlement avec Théophile de Bordeu,
l’utilisation des eaux minérales s’inscrit dans une approche médicale organisée autour de la classification
physico-chimique des produits thermaux. Les eaux minérales sont utilisées en fonction de leurs propriétés
physico-chimiques pour traiter de manière spécifique les affections des curistes.
Le XIXe siècle, avec l’apparition du chemin de fer, va voir se développer fortement les stations thermales qui deviennent des
centres d’excellence médicale où l’on peut consulter les meilleurs médecins de l’époque, précurseurs de
nos spécialistes car particulièrement orientés sur les pathologies traitées dans la station.
Après la deuxième guerre mondiale, la cure thermale entre dans le champ des thérapeutiques remboursées par la toute nouvelle assurance maladie ; parallèlement, en fonction de leurs revenus,
 les curistes peuvent bénéficier d’une prestation financière d’aide au déplacement et à l’hébergement.
 Le thermalisme social est né.
Ces dernières années, le thermalisme s’est caractérisé par une exemplaire démarche qualité et sécurité des
produits thermominéraux, procédures, établissements thermaux. Parallèlement la recherche est en train de trouver un élan renouvelé (génie biologique et médical, biologie et sécurité des produits thermaux, service médical rendu).
Dax, première ville thermale de France
Les indications thérapeutiques de la station thermale dacquoise sont : la rhumatologie,
la phlébologie, et la gynécologie seulement à Miradour.
Dax, dans le département des Landes (1er département thermal français avec 12% du thermalisme français) est la première destination thermale de France avec 52 199 curistes en 2005 (Source CNETH, Conseil National des Exploitants Thermaux).
Station thermale ouverte toute l’année, les curistes ont le choix entre 15 établissements
thermaux à taille humaine dont un hôpital thermal, tous conventionnés par la Sécurité Sociale et reliés à des structures hôtelières.
La station thermale de Dax s’inscrit dans une politique de démarche qualité et a la chance d’avoir une multitude d’établissements thermaux. Ces établissements restent ainsi à échelle humaine et, tout en proposant les mêmes soins, offrent des prestations différentes (prix, cadre, situation dans la ville …). Le fractionnement et la multiplicité de l’offre est une atout –et une
sécurité car si un établissement rencontre un problème cela n’affecte pas toute la station thermale Dax dans son ensemble.
Le Groupe Thermes Adour en particulier comprend 5 établissements thermaux, deux à Dax et
trois à Saint-Paul-lès-Dax, et nous fait visiter ses installations thermales.
·Les caractéristiques de l’eau thermale et du péloïde de Dax, l’utilisation de la térébenthine
Les caractéristiques des eaux à Dax : les eaux hyperthermales* de Dax (62,5°C)
contiennent du sulfate de calcium (390mg/l), du chlorure de sodium (234mg/l) et du sulfate de
magnésium (126mg/l). Ces eaux sont faiblement minéralisées* avec 900 mg/l. Par ailleurs des
eaux chlorurées sodiques fortes permettent la fabrication d’eaux mères pour les soins de gynécologie.
Les eaux hyperthermales* : la chaleur, « thermae » en grec, est l’un des moyens de reconnaissance et de classification des eaux minérales destinées au thermalisme. Les eaux hyperthermales sont des eaux dont leur température à l’émergence est comprise au-delà de 50°C.
Le degré de minéralisation* est un mode de mesure établi en fonction de la teneur en
minéraux de l’eau dite minérale : de 200 à 1000 mg/l les eaux sont faiblement minéralisées,
de 1000 à 2500 mg/l les eaux sont moyennement minéralisées et elles sont très fortement minéralisées à plus de 2 500 mg/l.
Cette eau thermale dacquoise est l’héritière d’eaux de pluie infiltrées à travers les âges dans
les roches, les sables et les couches de sédiments qui se sont chargées en micro-éléments.
L’acquisition de sa minéralisation au cours de l’infiltration en fait la richesse. Les nombreux
réservoirs souterrains landais sont alimentés par les pluies reçues sur la bordure occidentale
du Massif Central et la zone nord des Pyrénées. Cette eau a mis plusieurs milliers d’années
pour parvenir jusqu’au sous-sol landais par la dolomie thermale qui permet son déplacement
et la conservation de sa chaleur. Pendant ce très long parcours ces eaux se modifient : leur
température se maintient, leur minéralisation évolue, elle deviennent microbiologiquement
pures et ainsi acquièrent des caractéristiques qui leur sont propres. L’émergence des sources
thermales landaises s’explique par la présence de nombreux « accidents » dans la structure
géologique des sols le long de la vallée de l’Adour et par la richesse aquifère du sous-sol. En
effet le grand bassin sédimentaire aquitain bénéficie de grands aquifères captifs et profonds.
La station de Dax élabore une boue thermale cultivée particulière, le péloïde.
A l’origine, l’eau thermale est entrée en contact avec le limon déposé sur les bords de l’Adour
lors des crues et sous l’action du soleil ce contact de l’eau thermale et des limons a donné
naissance au péloïde. Aujourd’hui des bassins de culture reproduisent ce procédé naturel dans
de meilleures conditions et sous surveillance scientifique. L’eau thermale est l’un des
constituants du péloïde, médicament naturel unique au monde, utilisé depuis 2000 ans, depuis
les Romains dans le traitement des affections rhumatismales. L’utilisation de cette boue
thermale cultivée a donné naissance à une thérapeutique unique au monde, la pélothérapie :
entre boue et eau minéralisée chaudes, le corps transpire et élimine déchets métaboliques et
toxines, la chaleur et le poids de la boue relâchent les muscles, stimulent la circulation,
soulagent les articulations et apaisent le système nerveux. L’action du péloïde est double : une
action physique immédiate qui relaxe les muscles et soulage la douleur et une action en
profondeur qui se fait sentir un à deux mois après la cure et peut se prolonger sur un an. Après
10 ans de recherche, Dax propose « Terdax », un péloïde enrichi en algues thermales. Le
nouveau Centre de Production, unique au monde, permet d’obtenir une boue maturée plus
performante : propriétés physiques améliorées (adhérence, conservation de la chaleur…),
boue plus riche sur le plan biologique grâce aux algues et bactéries cultivées spécifiquement.
D’autre part la maîtrise de la qualité microbiologique permet d’appliquer
ce péloïde directement sur la peau sans risque pathogène.
Les établissements thermaux de Dax profitent de leur situation géographique
au coeur de la forêt landaise de pins pour utiliser l’essence de térébenthine : la station thermale
dacquoise a isolé la fraction active de l’essence de térébenthine en éliminant les molécules
agressives. « Dax Terpin » est utilisé pour des soins antalgiques et anti-inflammatoires
(douches térébenthines, crème de massage).
· Le virage actuel du thermalisme : l’eau thermale, un élément d’avenir
Longtemps le thermalisme n’a pas ressenti le besoin de faire preuve de son efficacité car le
client était globalement satisfait des soins thermaux et de leur impact sur sa santé.
Or les soins thermaux sont insérés dans le système de remboursement des soins : les cures
prescrites par un médecin sont prises en charge par la Sécurité Sociale et les mutuelles et pour
une cure de 3 semaines, la partie médicale des soins (600 euros en moyenne) est remboursée à
65% ou 100% par la Sécurité Sociale et 35% par la Mutuelle. La Caisse Nationale
d’Assurance Maladie, la CNAM, (le « payeur ») a demandé au thermalisme de faire la preuve
du Service Médical Rendu, du SMR. Des moyens importants sont mis en place par
l’AFRETH (Association Française de Recherche Thermale) pour mettre en place un protocole
(accepté par la CNAM) de reconnaissance des bienfaits du thermalisme à l’échelle de la France sur une période de 5 ans.
Les résultats sont probants.
De plus le coût d’une cure pour la Sécurité sociale reste modéré : l’équivalent d’une journée
de base d’hospitalisation ou d’une vingtaine de séances de kinésithérapie (sauf quelques cas
isolés, le déplacement, l’hôtellerie et la restauration sont à la charge du curiste et la Sécurité
sociale rembourse à 65% les frais de crénothérapie et à 70% le forfait honoraire médical).
La crénothérapie, dans le budget global, ne représente que 0,3% du montant global des
dépenses de l’Assurance maladie, et moins de 2% du budget de remboursement de la Sécurité
Sociale (Source : Document de la CCI des Landes, Chambre du Commerce et de l’Industrie).
Les bénéfices des cures sont intéressants pour les curistes et pour la Sécurité sociale et
l’Assurance maladie : procurer des rémissions prolongées, réduire la fréquence des récidives,
freiner l’évolution vers l’aggravation des affections ou hâter la guérison et ainsi faire des
économies de médicaments, de journées d’hospitalisation…
L’institut national du thermalisme a été créé en 2000 à Dax pour renforcer la crédibilité de la
thérapeutique thermale avec ce nouveau pôle de la recherche scientifique, de la formation aux
métiers du thermalisme et de la mutualisation des ressources documentaires.
L’eau thermale a un rôle thérapeutique, tranquillisant, anxiolytique et sédatif et peut répondre
aux besoins de la société actuelle : lutter contre le surpoids, lutter contre le stress et l’angoisse
généralisée, lutter contre les problèmes de sommeil, compenser les carences minérales
entraînées par des régimes alimentaires, assurer l’autonomie et soulager les douleurs des
personnes âgées, aider au sevrage du tabac.
Le thermalisme se veut être une approche unitaire et globale qui place le curiste au coeur de
son action. Effectuer une cure thermale de trois semaines ou plus courte apporte des bénéfices
pour ceux prêts à se laisser du temps et à s’investir dans cette démarche médicale.
Dans une société qui vieillit et qui est à la recherche de bien-être tout en limitant les dépenses
de santé, le thermalisme sous toutes ses formes (traitements thermaux traditionnels et
médicalisés, thermalisme préventif ou ludique) semble porteur.